Le Peuple et le Pouvoir de l'Argent

Depuis plusieurs générations, l’Empire assiste à une évolution assez contrastée de certaines couches de la caste heimin. Bien qu’ils soient jugés plus méprisables que les paysans ou les artisans, les akindo (marchands, usuriers, négociants…) ont graduellement acquis une certaine puissance au sein de leur caste, grâce à l’argent. La plupart des samurai ne sont guère affectés par cette évolution, ou ne mesurent pas réellement ce qu’elle implique tant qu’elle ne les concerne pas directement (lorsque leur épouse doit emprunter à un usurier par exemple). Au sein de la caste heimin, par contre, ceux qui vivent de la finance sous toutes ses formes ont acquis un pouvoir très réel. À Sunda Mizu Mura, ce pouvoir est d’autant plus visible que les suzerains samurai de la cité, les Yasuki, n’y sont pas vraiment hostiles. Tant que les heimin restent à leur place et que le système parvient à faire en sorte qu’ils enrichissent toujours plus leurs suzerains Yasuki qu’ils n’en bénéficient eux-mêmes, tout va pour le mieux. Les Yasuki raisonnent de manière simple et ne le cachent même pas : ils n’ont rien contre la prospérité des autres, tant qu’elle contribue à la leur.
Les mécanismes par lesquels ils maintiennent cette situation sont trop complexes pour être évoqués ici de manière utile. Ils reposent sans doute autant sur l’interprétation judicieuse des lois et coutumes que de décisions pas très honorables, voire d’abus caractérisés.
Cette situation fait que certaines familles roturières de la cité ont fini par acquérir une influence plutôt étonnante, au vu de leur statut officiel. Au cours des siècles, quelques heimin particulièrement rusés ou doués furent invités à rejoindre la famille Yasuki, mais d’une manière générale, ils constituent une exception. Les Yasuki semblent considérer que les heimin, même très aisés, ont plus d’utilité à leur place qu’avec un mon sur le kimono.